13/02/2010

Les démocraties latinos sont-elles solubles dans la crise ?

La réponse apportée par le dernier "Latinobarometro" déjoue tous les pronostics. Contrairement à ce que l'on avait pu supposer il y a un an, l'attachement des latino-américains à la démocratie est en effet sorti renforcé de la crise selon le sondage annuel coordonné par cet institut chilien.

59% des personnes interrogées estiment désormais que "la démocratie est préférable à toute autre forme de régime" (+2 points), et 65% déclarent "qu'en aucun cas elles ne soutiendraient un gouvernement militaire", avec des écarts abyssaux tout de même (de 42% au Guatemala à 91% au Costa Rica).

Comme le souligne El País, cette tendance est bel et bien une surprise, surtout en comparaison avec le résultat de cette même enquête au moment de la crise qui avait secoué l'Amérique latine au début des années 2000. Dans une région ou la démocratie a longtemps été perçue comme synonyme de progrès économiques et sociaux, la confiance dans les institutions démocratiques s'était effondrée à ce moment, au profit de thèses autoritaires (cf. tableaux ci-dessous).




Dix ans plus tard, la situation bien évolué, mais cette tendance au renforcement des valeurs démocratiques doit être nuancée pour plusieurs raisons :

- Les questions de représentativité politique demeurent en suspens (comme ailleurs). Derrière la figure présidentielle, qui incarne à elle seule la démocratie pour une majorité de citoyens (avec tous les dérapages que cela peut impliquer), la crise de confiance persiste envers les institutions parlementaires, les partis politiques (cf. exemple du Pérou), ou encore la Justice.

- Enfin, on constate souvent un écart entre les convictions démocratiques affichées et les comportements dans des situations d'exception (exemple des coups de force au Venezuela en 2002 ou au Honduras en 2009). Comme le démontre une étude récente, les attitudes opportunistes priment souvent sur les valeurs, et les intérêts politiques ou économiques à court terme prennent le pas sur la défense des institutions et de l'Etat de droit. En somme, et comme on pouvait s'y attendre malgré les déclarations d'intention, la démocratie n'est donc pas considérée comme une fin en soit pour une majorité.


Pour consulter l'ensemble du sondage : Latinobarometro 2009


Photos : BBCMundo
Graphique : El País

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