28/12/2008

L'économie latino face à la crise internationale


Dans la plupart des pays latino-américains, il ne fait désormais plus de doute que la crise est bien là. Après plusieurs mois d'incertitudes sur les retombées de la crise financière internationale, les prévisions de croissance pour la région en 2009 ont été progressivement revus à la baisse. La région sera donc affectée comme les autres par la crise financière, à quelques nuances près cependant. Plusieurs raisons à cela :

- Le ralentissement de l'activité économique au Nord, aura nécessairement des conséquences au Sud (baisse des exportations, gels des investissements directs à l'étranger, voire rapatriement de capitaux vers le Nord). Pour reprendre le vocable de la CEPAL, les "pays du centre" (Europe, Etats-Unis) demeurent aujourd'hui les principaux partenaires commerciaux et financiers des "pays périphériques" (ici l'Amérique latine), et ce malgré ll'entrée en scène de l'Asie. Cela se vérifie par exemple pour le Mexique qui réalise 80% de son commerce extérieur avec les Etats-Unis, et qui sera parmi les premiers touchés. Dans ces proportions différentes, on peut s'attendre à des conséquences similaires pour les pays qui privilégient une forte ouverture internationale basée en grande partie sur les matières premières (Chili et Pérou notamment).

-En effet, l'une des premières conséquence du ralentissement de la croissance mondiale a été la chute brutale des cours des matières premières. Cela affecte directement les pays exportateurs : Soja (Argentine, Paraguay), Cuivre (Chili, Pérou), pétrole (Venezuela, Mexique), etc... La baisse des cours fera mécaniquement diminuer la valeur de leurs exportations, et donc les recettes fiscales des pays concernés.


Dans ce contexte, quelles sont les principales conséquences prévisibles pour 2009 ?


- En premier lieu, si le ralentissement de la croissance devrait être notable en Amérique latine (voir tableau ci-contre), on ne s'attend pas pour l'instant à une récession (malgré quelques annonces plus ou moins politisées).

- Tous les pays de la région disposent en effet d'une situation macro-économique globalement "saine", héritée de plus de 5 ans de croissance continue (excédents budgétaires, diminution de la dette publique, inflation dans l'ensemble maîtrisée). Le plupart des banques centrales disposent en outre d'importantes réserves de devises , ce qui devrait leur permettre de faire face à une sortie de capitaux, et de maintenir la valeur de leur monnaie.

- Concernant les fonds de pension, dont la valeur s'est effondrée dans de nombreux pays suite à la crise financière, tout le monde se demandent s'ils vont se redresser rapidement. Cela intéressera évidemment les futurs retraités, et mais aussi ceux qui perçoivent déjà une retraite par ce biais. Au passage, ces derniers ne représentent pourtant qu'une minorité, puisque la majorité des latino-américains n'ont pas les moyens de cotiser à un système de sécurité sociale. Enfin, et dans le cas où les fonds de pensions (gérés essentiellement par des banques) ne se redressent pas en 2009, l'exemple argentin de retour au système par répartition pourrait donner des idées à d'autres pays.

- L'un des effets positifs du ralentissement économique devrait être la baisse attendue des prix alimentaires (sous l'effet de la baisse du cours des produits agricoles, des carburants, et de l'inflation en général). Cette baisse devrait bénéficier directement aux classes populaires, lesquelles avaient le plus souffert de la "crise alimentaire" pendant le premier semestre 2008. Cependant le revers de la médaille est connu : Ces mêmes classes populaires seront en première ligne face à la hausse prévisible du chômage et de la pauvreté comme conséquence de la crise (en particulier les travailleurs informels ).

- Les conséquences politico-sociales sont en effet plus que prévisibles dans la plupart des pays. Bien que tous les gouvernements cherchent déjà à calmer le jeux (au Pérou, Alan Garcia appelle à "l'union nationale"), on peut s'attendre à une hausse de la conflictivité sociale et politique. Il est donc très probable que cela aura un impact significatif sur les élections prévues en 2009 et 2010.


Sources :

Photo : BBCMundo
Graphique : Rapport de la BID

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