Suite et fin de ce retour sur la présidentielle argentine, en essayant cette fois-ci de resituer la nouvelle présidente dans le panorama politique argentin.
Les Kirchner sont-ils de gauche ?
Question équivoque puisque « être de gauche » n’a pas a même signification en Argentine et en Europe. Si la plupart des analystes étrangers classent néanmoins l’Argentine sur la liste des gouvernements de gauche en Amérique latine, la réalité est plus complexe. D’un point de vue économique, l’Etat argentin a eu un rôle moteur depuis 2003 en réactivant l’industrie nationale, en maintenant un taux de change avec le dollar qui a largement favorisé les exportations (agricoles en particulier), tout en se montrant parfois hostile aux investisseurs étrangers.
Mais en dépit d’un discours virulent sur le néo-libéralisme, les privatisations ou le FMI, la gestion Kirchner n’a pas remis en cause les principales réformes de marché. La presque totalité des services publics demeurent dans le domaine privé (malgré certains changements de concessions), aucune réforme fiscale d’ampleur n’a été engagé et les quelques programmes sociaux sont très limités et souvent instrumentalisés politiquement.
De son côté, Cristina est restée très vague sur ses intentions. Ses nombreuses réunions avec les syndicats patronaux et avec des responsables politiques européens et Nord-Américains laissent néanmoins envisager une politique plus favorable aux secteur privé et aux investissements étrangers.
Quelle gouvernabilité ?
Le gouvernement formé par Cristina disposera probablement de la même liberté d’action que son prédécesseur. Il disposera d’une majorité propre au Sénat, et peut-être aussi à la chambre des députés. Quant aux élections des gouverneurs (qui se poursuivent jusqu’à la fin de l’année), les candidats sous l’étiquette du « Frente para la Victoria » devraient l’emporter dans une majorité de provinces. Avec deux exceptions notables cependant : la ville de Buenos Aires où Mauricio Macri jouera probablement la confrontation avec le gouvernement en vue des présidentielles de 2011 ; et à Santa Fé où Hernan Binner pourrait lui aussi prendre une envergure nationale.
Quelle opposition ?
Encore une fois l’opposition s’est présentée aux élections en ordre dispersé. On notera tout de même qu’Elisa Carrio et Roberto Lavagna ont rassemblé à eux deux près de 40% des voix avec un discours politique relativement proche (oscillant entre le centre-gauche et le centre-droit). Les trois candidats marqués à droite ont nettement déçu : Rodriguez Saa incapable d’incarner une alternative au sein du péronisme ; Lopez Murphy, économiste libéral désormais marginalisé politiquement ; et Sobisch qui n’a pas trouvé de relais au niveau national.
En dehors des candidats à la présidentielle, il faudra compter dans les années à venir avec deux hommes fraîchement élus. A Buenos Aires, le nouveau maire et président de Boca Juniors, Mauricio Macri, visera a incarner la droite, cette fois-ci au niveau national. Quant à Hermes Binner, désormais gouverneur de la puissante province de Santa Fé, il essaiera d’étendre l’influence du parti socialiste, grâce notamment à la réputation de bonne gestion de la ville de Rosario. Mais tous les scénarios politiques pour les prochaines années passent vraisemblablement par des alliances entre certaines de ces figures, puisque aucune ne dispose pour le moment d’un véritable ancrage national.
Sources :
Infographie des élections de gouverneurs : La Nacion
Photos : BBCMundo
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire