Cela fait plusieurs années que les analystes dissertent sur le "virage à gauche de l'Amérique latine", certains allant jusqu'à dire que les Etats-Unis ont déjà "perdu la partie". Bien qu'il faille nuancer ce constat (derrière les discours enflammés, le pragmatisme domine souvent), il est évident que les "relations charnelles" des années 90 ne sont plus à l'ordre du jour sauf exceptions. Pour diverses raisons, la semaine écoulée en a donné plusieurs illustrations. Reprenons les choses dans l'ordre :
En Argentine, Cristina Kirchner crie à la manipulation politique suite à l'ouverture à Miami du procès de la valise aux 800.000 dollars. Elle s'est notamment fendue d'un communiqué qui dénonce "une opération à des fins politiques", en ajoutant que la relation avec les Etats-unis s'en trouve dégradée.
En Bolivie, les affrontements ont pris de nouvelles proportions. Les bureaux de l'Institut National de la Réforme Agraire ont été saccagés à Santa Cruz (l'INRA est en effet dans le collimateur des principaux propriétaires terriens, dont le Président du Comité Civique de Santa Cruz, Branko Marinkovic), un gazoduc a été saboté, et de violents afrontements ont eu lieu à Cobija (16 morts au dernier bilan). En réaction, le président Morales a décidé d'expulser l'Ambassadeur américain, accusé de "conspirer contre la démocratie".
En Bolivie, les affrontements ont pris de nouvelles proportions. Les bureaux de l'Institut National de la Réforme Agraire ont été saccagés à Santa Cruz (l'INRA est en effet dans le collimateur des principaux propriétaires terriens, dont le Président du Comité Civique de Santa Cruz, Branko Marinkovic), un gazoduc a été saboté, et de violents afrontements ont eu lieu à Cobija (16 morts au dernier bilan). En réaction, le président Morales a décidé d'expulser l'Ambassadeur américain, accusé de "conspirer contre la démocratie".
Au Venezuela, Chavez a lui aussi expulsé l'Ambassadeur américain à Caracas "par solidarité avec le peuple bolivien", en concluant son discours par un désormais fameux "allez en enfer, yankees de merde". Au préalable, il avait commencé la semaine en accueillant deux bombardiers russes venu faire un "exercice" conjoint avec l'armée vénézuelienne. Quelques semaines après le conflit en Géorgie, tout le monde l'a cependant interprété comme un geste politique de la Russie dans la sphère d'influence américaine. Pour sa part, Chavez a clairement mis en perspective cette manœuvre avec la réactivation en juillet dernier de la IVème flotte américaine en Floride.
Peut-on en tirer des conclusions communes ?
Concernant le Venezuela et la Bolivie, il s'agit d'une nouvelles dégradation des relations avec Washington, mais ce n'est pas à proprement parler une surprise. Au delà du symbole, la crise pourrait être surmontée après les élections américaines comme l'a laissé entendre Chavez (qui a aussi écarté une interruption des livraisons de pétrole). La Bolivie pourrait cependant voir compromis son accès au juteux "Millenium Challenge Account", le programme américain d'aide au développement lancé en 2002 (le financement de plus de 650 millions de dollars est en attente).
Dans le cas de l'Argentine, c'est la crise la plus grave avec Washington depuis des années, suite à l'ouverture du procès mettant en cause le financement de la campagne présidentielle de Cristina Kirchner. Comme le procès vient à peine de s'ouvrir à Miami, de nouvelles "révélations" devraient être faites, et le pire est probablement à venir.
Au delà de ces trois exemples, la relation des pays latino-américains avec les Etats-Unis est plus nuancée selon les cas. Outre la Colombie le Chili et le Mexique qui sont les principaux alliés américains dans la région, la plupart des pays ont gagné une certaine autonomie dans leur politique étrangère depuis une dizaine d'année. La bonne situation économique a notamment changé la donne, et les pays sont moins dépendants des institutions financières où le Trésor américain fait la pluie et le beau temps (FMI, Banque Mondiale, BID).
Concernant l'attitude américaine, on a beaucoup critiqué le désintérêt de l'administration Bush pour ses voisins du Sud (surtout depuis le 11/09/01), mais aussi une politique extérieure centrée essentiellement sur les aspects sécuritaire (lutte "anti-drogues", "anti-terroriste", et contre l'immigration illégale qui a débouché sur la construction du mur à la frontière mexicaine).
Si de manière générale, la relation américaine avec ses voisins n'est donc pas vraiment au beau fixe, tout le monde s'accorde à dire qu'il vaut désormais mieux attendre le changement de locataire à la Maison Blanche en janvier prochain pour y voir plus clair.
Photo : Couverture du journal Critica (13/09/08)
2 commentaires:
Que bueno Pierre...super interesante este artigo! Felicitaciones por esta idea de compartir con tus amigos los eventos del continente americano!
Voy a ler siempre tu blog...asì también mejoro mi frances, que estoy estudiando hace unos meses :-)
Un besote
Fra
Gracias a ti!
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