Comme toujours, il aura fallut une crise majeure pour que les responsables politiques s'intéressent à un déséquilibre de plus généré par la globalisation. Sacrifiée sur l'autel des politiques d'ajustement structurel des années 90, l'agriculture revient sur le devant de la scène dans un contexte de crise alimentaire. Négligé par les institutions financières internationales qui pensaient peut-être que la révolution verte en occident avait écarté tout risque de pénurie, le thème de la sécurité alimentaire revient au goût du jour sur fond "d'émeutes de la faim" qui se multiplient.
La Banque Mondiale a consacré son dernier rapport annuel sur le développement mondial à l'agriculture, et un consensus semble émerger pour prendre au moins au sérieux la crise alimentaire qui touche la plupart des pays du Sud, avec ses répercussions au Nord, depuis plus d'un an.
" L'agriculture traditionnelle a en effet largement fait place à des cultures à vocation industrielle (arachide, café, cacao, coton, caoutchouc...) destinées à l'exportation. Notons que l'on n'exporte en général que des produits bruts, sans valeur ajoutée sur place. Cette orientation productiviste, poussée parfois jusqu'à la monoculture pour un même pays, a été appuyée par les bailleurs de fonds, par des politiques de coopération à courte vue, aussi bien que par les gouvernements locaux, toujours friands de grands projets ; à l'origine, et pour sa mise en oeuvre, on trouve de grandes entreprises du Nord, qui en ont tiré de formidables profits. Ce processus est en train de se répéter avec les biocarburants. "
Le rempart de l'agriculture familiale, par Stéphane Hessel et Robert Lion
LE MONDE | 22.04.08
Photos : Argentine (blé dans la province de Buenos Aires, maïs transgénique exposé à Feriagro dans la province Santé Fé)
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